Le service internet Starlink utilise des satellites lancés par sa société mère, SpaceX, comme ceux présentés sur une photo de 2019. (Photo via SpaceX)

Malgré les affirmations d’utilisateurs anti-Trump sur les réseaux sociaux, l’entreprise Starlink d’Elon Musk n’a pas truqué l’élection en faveur de Donald Trump

Par Sam Howard | Publié le 15 novembre 2024

Des utilisateurs anti-Trump sur les réseaux sociaux affirment sans fondement que Starlink, le réseau de satellites fondé par Elon Musk, a truqué l’élection présidentielle américaine en faveur de Donald Trump. 

Un outil de surveillance des réseaux sociaux utilisé par NewsGuard montre que la tendance a atteint son pic le 10 novembre 2024, avec 281.644 mentions de Starlink sur X, le réseau social dont Elon Musk est le président. À titre de comparaison, la moyenne quotidienne était de 40.100 mentions par jour entre le 5 et le 9 novembre 2024.

Par exemple, un message posté le 10 novembre 2024 sur X par l’utilisatrice Michelle Baker, qui a déjà propagé des informations fausses ou trompeuses sur la tentative d’assassinat de Donald Trump en juillet 2024, comme l’a précédemment écrit NewsGuard, disait : “P*** MAIS ARRÊTEZ DE DIRE QUE TRUMP A GAGNÉ CETTE ÉLECTION !  IL N’A PAS GAGNÉ !  … STARLINK A ÉTÉ UTILISÉ !” Au moment de la publication de cet article, ce post avait attiré 3,7 millions de vues et avait été republié 16.000 fois en trois jours.

Des comptes obscurs qui partagent peu d’informations personnelles sur eux-mêmes ont également contribué à ce pic. Par exemple, le 10 novembre 2024, une publication sur X du compte anti-Trump @Lippyaddiction indiquait : “L’internet Starlink d’Elon Musk a comptabilisé les votes. #TrumpATriché”. La publication avait été vue 183.000 fois et republiée 3.500 fois en l’espace de quatre jours.

Une “note de la communauté”, une fonction de vérification des faits sur X, indique sous la publication de Michelle Baker que la vice-présidente démocrate Kamala Harris a reconnu sa défaite et que le Comité national démocrate n’a pas contesté les résultats. Cependant, au matin du 14 novembre 2024, NewsGuard n’a trouvé aucun autre exemple de “note de la communauté” pour de telles publications sur X.

NewsGuard a également repéré cette fausse affirmation sur Reddit, Facebook et Threads.

En réalité, l’agence américaine chargée de la sécurité des élections a déclaré qu’il n’y avait aucune preuve de fraude électorale pour les élections de 2024. De plus, les responsables des élections dans les États pivots ont déclaré que leurs machines à voter n’étaient pas connectées à internet, ce qui signifie que cet équipement n’est pas susceptible d’être la cible d’une cyberattaque par Starlink. Les sites web des secrétaires d’État des États pivots de l’Arizona, de la Géorgie, du Nevada et de la Pennsylvanie, ainsi que le site du conseil électoral de l’État de Caroline du Nord, indiquent que les machines à voter de leurs États ne sont pas connectées à internet, ce qui rend impossible le piratage de leurs équipements par un fournisseur d’accès à internet tel que Starlink. (Voir notre analyse de cette infox – appelée Empreinte de la Mésinformation – ici).

PolitiFact, un média spécialisé dans la vérification des faits, a déclaré avoir trouvé des preuves que du matériel électoral utilisait l’internet Starlink dans une seule juridiction : le comté de Tulare, en Californie, où des fonctionnaires ont connecté à Starlink les carnets de vote électroniques utilisés pour enregistrer les électeurs.

“Je tiens à souligner que cette connexion est strictement réservée à l’enregistrement des électeurs et ne fait en aucun cas partie de notre système de vote”, a déclaré Stephanie Hill, analyste des systèmes et des procédures pour le bureau d’enregistrement des électeurs du comté de Tulare, dans un email à NewsGuard. “En Californie, il est illégal qu’une quelconque partie du système de vote soit connectée à internet. Par conséquent, notre système de vote fonctionne dans un environnement totalement hermétique, ce qui signifie qu’il est complètement isolé d’internet et de tout autre réseau”.

Ironiquement, si les plateformes des réseaux sociaux ne bénéficiaient pas de l’exemption de responsabilité au titre de la Section 230 aux États-Unis (un article d’une loi américaine qui protège les plateformes contre les poursuites judiciaires relatives aux contenus publiés par leurs utilisateurs), Starlink pourrait poursuivre X en justice pour avoir propagé ce récit diffamatoire de la même manière que les entreprises de machines à voter Dominion Voting Systems et Smartmatic ont poursuivi Fox News et d’autres pour avoir propagé de fausses affirmations les concernant à propos des élections de 2020.

Starlink n’a pas répondu à un email de NewsGuard envoyé en novembre 2024 à l’équipe média de sa société mère SpaceX. Elon Musk est également copropriétaire de SpaceX.

(Édité par Elizabeth Owen et Eric Effron)

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